Message de Madame
Catherine VAUTRIN,
ministre des Armées
et des Anciens combattants
et
de Madame Alice
RUFO,
ministre déléguée
auprès de la
ministre des Armées
et des Anciens combattants
Le 11 novembre, la France écoute battre son cœur. Elle se
recueille devant les noms de ceux qui ont donné leur vie pour que nous vivions
libres. Elle se rassemble pour commémorer la victoire et célébrer la paix.
C’était il y a 107 ans. Au fracas des armes succédait le
silence des plaines dévastées de Champagne, des vallées de la Meuse, des forêts
d’Argonne.
Ce silence portait le poids immense de ceux qui étaient
morts, durant quatre années, dans les grandes batailles, couchés dessus le sol
ou ensevelis sous la boue.
Un million quatre cent mille soldats « tombés au
champ d’honneur », autant de familles meurtries. Quatre millions de
blessés et de mutilés. Et parmi ceux apparemment indemnes, combien de nuits
hantées par des terreurs sans fin.
Chaque année, devant les monuments de nos communes, les
générations se rejoignent.
Unis dans cette mémoire, nous rendons visible l’idéal qui
nous tient debout, le sens que nous avons donné à notre histoire, le projet
collectif que nous poursuivons par-delà les tragédies. « Construire un
ordre tel que la liberté, la sécurité et la dignité de chacun y soient
garanties », selon les mots du général de Gaulle en 1941. Ce projet porte un
nom : la République.
La République a donné à chaque soldat mort pour la
France, aussi anonyme soit-il, d’être honoré à la place la plus élevée :
celle qu’occupe la tombe du Soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe.
En lui s’incarne le sacrifice de tous les morts pour la
France, d’hier et d’aujourd’hui, jusqu’à ceux qui, loin de chez eux, sont
tombés en Indochine, en Algérie, dans les Balkans, en Afrique, en Afghanistan,
au Levant.
En lui se mêlent leurs visages venus de tous horizons.
Ceux des fusiliers marins bretons et des tirailleurs sénégalais, unis dans le
même héroïsme à Dixmude. Ceux tombés à Verdun et sur les plages de Provence.
Ceux des francs-tireurs et partisans, et des résistants du réseau Alliance.
Ceux de ces combattants venus d’Afrique, du Pacifique, des Amériques et d’Asie,
qui reposent désormais dans le sol de France, sous les croissants, les étoiles,
ou les croix des carrés militaires. Ceux des incorporés de force alsaciens et
mosellans, pris dans le drame intime de leur conscience. Ceux qui croyaient au
ciel et ceux qui n’y croyaient pas.
Sur ce soldat de tous les âges et de toutes les origines,
la flamme du souvenir ne s’est jamais éteinte.
Il y a cent ans, en 1925, était organisé aux Invalides le
premier atelier de confection du Bleuet de France. Devenue le symbole de la
solidarité avec le monde combattant, cette petite fleur qui poussait dans les
tranchées témoigne de la force d’âme de la Nation.
Force d’âme qu’ont rappelée les commémorations du 80e anniversaire
des débarquements, de la Libération et de la Victoire, dans une époque, la
nôtre, où nous réapprenons que la guerre est possible.
Assistant depuis Londres au péril qui pesait sur la
survie même de la France, la philosophe Simone Weil offrait en 1942 une
définition du patriotisme que chacun peut faire sienne : « le sentiment de
tendresse poignante pour une chose belle, précieuse, fragile et
périssable ».
Ce patriotisme demeure une nécessité vitale. Marc Bloch,
« l’homme des Lumières dans l’armée des ombres », en incarna l’exemple.
Son entrée au Panthéon le 16 juin prochain, décidée par le Président de la
République, rappelle que l’esprit de défaite est toujours un poison mortel.
La flamme qui l’animait fut une invincible espérance,
l’espérance de ceux qui ont décidé d’être forts pour protéger ce qui est juste.
Cette espérance que symbolisaient
déjà dans le ciel de Reims, le 11 novembre 1918, les tours restées debout de la
cathédrale martyre. Le 8 juillet 1962, sous ses voûtes reconstruites, était
scellée la réconciliation franco-allemande, pour que l’Europe vive libre et en
paix.
Car là sera toujours l’espérance de la France, fidèle au
sacrifice de ses anciens, à ses valeurs et à ses promesses, consciente de sa
vocation universelle au service de la paix.
Vive la République. Vive la France !